Et toujours, toujours, l’envie de partir. Un sac au bras, de quoi écrire dans la poche, un billet de train ou d’avion à la main, s’en aller. Peu importe la distance, mais s’en aller vers l’inconnu.
Et toujours, toujours, marcher dans la ville étrangère, arpenter sans fin ses ruelles, préférant les chemins de traverse aux larges avenues, marcher tout le jour et marcher aussi la nuit.
Parfois, s’asseoir un moment sur un banc ou au comptoir d’un troquet. Ne rien faire qu’écouter. Ne faire que regarder. Le sac posé par terre, le billet froissé — aller sans retour oublié —, commander quelque chose à manger ou à boire, sortir un carnet, un stylo, et écrire. Se fondre dans la ville et écrire. S’installer dans la ville étrangère. Y créer de nouveaux rituels. Deviner les non-dits, tisser de nouveaux liens, apprendre à connaître les gens. S’installer là et y écrire un livre.
Et toujours, toujours, le livre terminé, après une semaine, un mois, un an, le sac au bras, de quoi écrire dans la poche, un billet à la main, partir ailleurs, aller vers l’inconnu. Faire de cet ailleurs chez soi — une semaine, un mois, un an, et toujours repartir. Citoyen du monde explorant son pays.
Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?
Charles Baudelaire — Le voyage.
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