Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés — Jean de La Fontaine
Nous sommes au jour de la représentation. Les phases de sommeil paradoxal n’ont plus lieu. La beauté du monde s’étiole. Le ciel, même bleu, est de plus en plus gris. Les pluies sont acides, la mer reflue par vagues. Le sol aride craque sous notre poids. Il n’y a plus de miracles, la magie a disparu. Ici, on cultive l’ennui, la vacuité des choses. Conditionné par les technologies modernes, le sens commun s’est perdu dans un naufrage planétaire. Privés d’amour, nous dérivons dans un vide universel. Nous ne rêvons plus, nous dormons éveillés, somnambules obéissants sur une terre instable. Les fenêtres qui s’ouvrent sont virtuelles, de simples outils promotionnels. La surface du miroir reflète d’autres miroirs. C’est une glace sans tain : quelqu’un nous observe que nous ne voulons pas voir. Il y a des phénomènes lacunaires de résistance, mais la croyance collective préfigure la faillite de l’esprit. Les instruments du conditionnement sont maintenant tous déployés, la méthode est bien rodée, l’amplification de quelque chose de décisif qui nous empêche de sentir nos entraves. Lorsque le soleil se déchire en lambeaux il y a toujours plus de ténèbres. Un évènement sombre se dessine et nous nageons, bienheureux, à sa rencontre. Bienvenue sur le réseau.
Photo : Londres — octobre 2014
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