Le silence de ces espaces infinis m’effraie — Blaise Pascal
Ne pas se retourner. La nuit-lumière me protège du soleil. Je suis d’un autre temps, d’une époque dont on a perdu l’usage ; je suis une montre mécanique égarée dans la zone de l’oubli. L’agent des « pays extérieurs » ; pour vous, peut-être, un journaliste du Figaro-Pravda.
Le chant de l’univers s’est déshumanisé ; la colère est de mise, influencée par l’ennui. Au cœur du dispositif, les appareils ont l’apparence de machines, mais ils sont humains. Ici, tous les animaux sont morts. Les habitants errent sans but dans un labyrinthe sans fin, la tête pleine de conceptions simples. Ils ne disent jamais pourquoi. La question du poème elle-même se fane sur les lèvres d’une jeune femme s’endormant à l’aube, quelque part sur cette terre interdite. Et cependant, la littérature, dévidée en rouleaux d’aphorismes, continue d’émouvoir.
J’ai dans ma poche un pistolet automatique Colt Commander et à la main un petit Instamatic, vitesse d’obturation fixe à 1/90e de seconde. Pas de mise au point, je photographie l’éphémère éclairé à l’ampoule flash. La mort, à la grâce simpliste, s’affiche en 35 mm dans les laboratoires, format carré 28 par 28. Les compteurs de la cognition sont à perforations ordinaires, et toutes les vues immédiates.
Le taxi, une Ford Galaxie noire, fonce dans les rues vides en approche du point zéro. La cassette dans le lecteur du tableau de bord diffuse une musique étrange.
Je suis le messager de votre conscience. Une fois le temps aboli, la mission qui m’a été donnée s’achèvera : j’irai affronter ma destinée.
Photo : peut-être une nouvelle, étrange aventure de Lemmy Caution : Menton, mai 2016
La bande annonce du film de Jean-Luc Godard :
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