There’s a brick wall in Nottin Hill near Portobello market that I would rather look at for hours than go to Madame Tussaud’s and it’s totally free and full of history
Joe Strummer
La photo des Rolling Stones de l’album Out of our heads est prise en 1965 par Gered Mankowitz à St James, devant le 9, Mason’s Yard. Celle des Clash qui figure sur la pochette leur premier album est prise douze ans plus tard au Stables Market de Camden.
Le Stables Market de 2014 n’a plus grand-chose à voir avec le marché underground de 1977. Le punk aujourd’hui n’effraie plus, il est devenu tendance, peut-être même vintage. Les boutiques à touristes qui occupent les anciennes écuries de l’époque victorienne l’ont recyclé et en vendent les artefacts : fringues et bijoux, t-shirts et badges, et tout est fait en Chine. Subsistent encore quelques authentiques disquaires, mais les prix y sont prohibitifs. Nous mangeons sur le pouce, fast food à l’iranienne, chelow kabab, koukou, addasse polow à emporter, à califourchon sur des fauteuils de vieux scooters installés en rang devant des tables en bois, ambiance mods tendance kitch. Nous nous promenons encore un peu dans les autres marchés, il y en a cinq en tout ici : le Stables Market, le Buck Street market, le Camden Lock market, le Camden Lock village et le marché couvert de l’Electric Ballroom. Au fil des ans, Camden a perdu son âme au profit du profit, mais vaut quand même encore pour le lieu, assez exceptionnel, et le souvenir d’une pochette datant de 1977.
Nottin Hill, c’est pareil, on y passe parce que c’est Nottin Hill, et touristes contraints perdus au milieu des touristes, on y déplore le nombre de touristes. De Nottin Hill, je garde le souvenir de la petite boutique Rough Trade au 130 Talbot Road où j’achète en 2010 le magnifique et désespéré Grace/Wastelands de Pete Doherty, d’une librairie d’occasion où je trouve pour une poignée de pennies quelques vieux comics de Jack Kirby, et du mur du son de Portobello, un projet artistique réalisé par la plasticienne Natasha Mason et la photographe Teresa Crawley. Partant d’une citation de Joe Strummer évoquant l’héritage musical du quartier, elles transforment 100 mètres de Portobello Road en une étagère géante de vinyles, rangés sur la tranche, tous genres confondus, mais suivant un ordre chronologique, une sorte de discothèque idéale élaborée avec l’aide de DJ locaux, de musiciens, de producteurs et de disquaires.
Photo : Portobello Road, Portobello ReCollection, novembre 2010
Texte extrait d’un projet en cours d’écriture, provisoirement intitulé L’appel de Londres.
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