la route est sans fin ; 320 000 km2 de zones arides ; trois états et deux pays ; l’Arizona et la Californie ; le Sonora ; les États-Unis et le Mexique ; contrairement aux hommes le désert se moque des frontières ; quelque chose apparait au loin qui pourrait être un village ; une ville fantôme ; un mirage ; le bus roule et la ville recule toujours plus ; quand on traverse de telles étendues l’horizon semble indépassable ; 42 ° dehors ; 21 ° à l’intérieur du bus ; j’ai froid ; dehors des hommes meurent de la chaleur ; la déshydratation est la principale cause de mortalité ; des corps gisent loin des regards ; des immigrants mexicains momifiés par le soleil ; des squelettes à moitié cachés sous les dunes ; 200 corps retrouvés chaque année ; on ne sait pas combien d’autres enterrés sous le sable ; le bus avance et la ville recule encore ; oasis moderne inatteignable ; je ferme les yeux ; quand j’ouvre les yeux la ville a presque disparu ; le bus roule trop vite ; la rue principale est déserte ; midi au soleil ; volets fermés ; déjà le désert nous avale ; une fenêtre est restée ouverte ; une silhouette ; une femme ; elle m’a fait signe ; je crois qu’elle m’a fait signe ; impossible de le dire ; elle a disparu avec le village ; mes yeux se referment ; une femme à sa fenêtre ; la femme me fait signe ; je me redresse ; les yeux grands ouverts ; je me retourne ; il n’y a rien ; du sable à perte de vue ; du sable et des dunes et la route sans fin
Ce texte a été écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture proposé par François Bon sur le tiers-livre. Vidéo explicative ici, sur la chaîne youtube de François Bon.
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