Vestige d’un temps passé

Des heures passées, là-dedans, pour entendre une voix, un ami, une amante. Des heures, coincé à l’intérieur, quand dehors il pleuvait, à attendre de pouvoir sortir. Des heures à fouiller dans ses poches pour trouver la monnaie, les pièces à insérer pour avoir la tonalité. Des milliers de visages aperçus, derrière la vitre, qui attendent leur tour, et qu’alors enfin on a en ligne la personne qu’on appelle, si loin, on n’a pas envie de raccrocher, on veut aller jusqu’au bout du temps acheté si chèrement avec les pièces économisées. Des centaines de conversations surprises, quand nous même on attendait dehors. Des mots tendres dits tout bas qu’on entend quand même, des cris, des insultes, téléphone jeté, vitres brisées.
Aujourd’hui tout est oublié, les lettres sur la porte en partie effacées. Il n’y a plus personne dans la cabine, et plus personne dehors à attendre. Il n’y a plus de bruit et bientôt plus personne pour se souvenir.

Une photo par jour : 322 – Villeneuvette, mars 2014

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Comments

8 réponses à « Vestige d’un temps passé »

  1. Avatar de Pooky

    ho la la… oui…
    que de souvenirs… çà puait souvent la clope aussi, je me rappelle… et l’annuaire qui pendait là…
    merci

    1. Avatar de Ph.C.

      C’est vrai, j’avais oublié l’odeur de la clope… et parfois, c’était pire que ça ! 😉

      1. Avatar de Pooky

        n’en dis pas plus, ça me revient aux narines!

  2. Avatar de cecilecamatte
    cecilecamatte

    J’adore, et ton texte est tellement juste.

    1. Avatar de Ph.C.

      Merci Cécile.

  3. Avatar de Céline
    Céline

    Ah lala, moi aussi je me souviens! J’en utilise encore des cabines comme ici au Québec car elles n’ont pas disparues (pas encore en tout cas).
    Ta photo est réussie et cette cabine fait vraiment « abandonnée »…

    1. Avatar de Ph.C.

      Merci 🙂
      Des cabines comme celle-là, il y en a encore quelques-unes par ici, et je crois qu’elles marchent encore, mais je ne vois jamais quelqu’un les utiliser.

  4. Avatar de Atomes d’argent | Rien que du bruit

    […] un jour coloniser notre quotidien. On n’imaginait pas pouvoir téléphoner depuis la rue autrement qu’enfermé dans une cabine téléphonique à pièces ou à carte. On n’imaginait pas un appareil photo sans pellicule dont on pourrait voir […]

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