Une interview de Spiegelman dans Le Monde, à lire ici. On peut étendre sa remarque à toute la littérature de genre, SFF ou polar.
Je suis mal à l’aise quand on parle de « roman graphique », un terme très marketing. Je préfère dire que je suis un artiste de bande dessinée. Je ne vois personnellement rien de mal dans la bande dessinée, qui fait partie des plus grandes réalisations de l’humanité. Pourquoi s’embarrasser d’un euphémisme ? C’est comme si l’on avait voulu mélanger la bande dessinée à quelque chose de respectable, le roman, alors que le roman n’a pas toujours été respectable, par exemple au XVIIIe siècle. Un jour, mon ami le scénariste britannique Neil Gaiman se rend à une soirée pleine de gens importants qui l’ignorent parce qu’il s’est présenté comme auteur de bande dessinée. Quand ils ont appris qu’il était le créateur de Sandman, les mêmes se sont alors dirigés vers lui sur l’air de : « Désolé, on ne savait pas que vous étiez un romancier graphique. » Comme il s’en amuse lui-même, il est arrivé dans cette soirée dans la peau d’une « prostituée » et en est ressorti dans celle d’une « dame de la nuit ». C’est ainsi. La bande dessinée reste associée à la notion d’humour, ce qui est regrettable.
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