
Oubliez l’image de cartes postales que vous pourriez avoir du Pérou. Les costumes traditionnels, les bonnets péruviens et les joueurs de flute de pan.
Martín Mucha vous embarque à bord de vieux bus déglingués ou de combi à bout de souffle recyclés en transports publics, à la suite de Jeremías, un étudiant qui traverse chaque jour Lima pour se rendre à ses cours.
Désabusé, lucide, il raconte les lâchetés, les violences, l’absence de révolte, aussi, face aux injustices toujours plus grandes. Il dit la corruption, qu’ici on accepte comme une fatalité, l’innocence qui lorsqu’elle se manifeste est aussitôt salie, bafouée. En chemin, il se souvient de son enfance, il évoque ses amis, les filles, qu’il voudrait, mais n’arrive pas à aimer, la ville — la ville surtout : Lima, personnage à part entière, figure schizophrène coupée en deux par un mur que personne ne semble voir, qui pourtant sépare la misère la plus grande de quartiers insolemment riches, où une élite vit dans l’opulence la plus crasse.
Des chapitres courts, durs, un style affuté et fragmentaire, « tes yeux dans une ville grise » est un livre que vous ne lâcherez pas, une lecture dont vous ne sortirez pas indemne.
Martín Mucha — Tes yeux dans une ville grise (Éd. Asphalte) — 18€
Votre commentaire