J’ai parlé cette nuit avec Elvis Presley. Je lui ai dit : Elvis, tu as dû voir passer du monde, ces derniers temps. Tes chansons nous ont été données pour combler un besoin d’amour. Seulement, personne ne s’intéresse vraiment à la musique. J’affirme, moi, qu’il y a une plus grande vie que celle qu’on nous promet. Nous sommes des agneaux déconcertés par le spectacle télévisé. Entendez comme ça chuchote de toute part. Si vous voulez savoir, je crois qu’on a perdu la foi. La machine à penser est cassée, le trône est vide, les instructions s’affichent désormais dans une langue qui nous est étrangère.
Mais je me lève encore chaque nuit en rêve pour bâtir une nouvelle église. Je vole s’il le faut, je fais couler le sang, ma parole déchire le voile qui recouvre le monde. Les plafonds des cathédrales s’effondrent et sous le ciel étoilé je renverse les autels pour y mettre le feu.
Mais quand l’aube se dessine, des bras envoyés par vous me maitrisent et je suis condamné aux flammes : le juge punit généralement le mauvais type, celui qui a les yeux des fous. La foule réjouie se réunit pour le sublime divertissement, mais je n’ai pas peur de la mort et c’est là mon secret. Je n’ai demandé qu’une chose, c’est d’habiter tous les jours de ma vie. Je n’ai pas fait grand-chose d’autre que me tromper souvent, mais je me suis levé en rêve et dans la nuit la lune était d’or et d’argent. Tant pis, je sais que tout finira mal, mais je continue de croire en mon étoile et je ne suis plus seul. Je marche avec mes morts et nous sommes les disciples des songes inachevés portés par un élan magique. J’ai toujours agi de mon mieux et si ce soir un homme est décédé par hasard, renversé par le clair de lune, c’est la petite affaire de Dieu ; moi, je n’y suis pour rien.
Allez, j’ai déjà écrit ce texte un bon million de fois, vous n’étiez pas obligé de me lire. Vous pouvez retourner vous coucher.
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