« J’écris pour savoir ce que je pense, ce que je regarde, ce que je vois et ce que cela signifie », déclare Joan Didion lors d’une conférence donnée à l’Université de Berkeley en 1975 (…) « Nous interprétons ce que nous voyons, sélectionnons parmi les choix multiples celui qui nous arrange le plus. Nous vivons entièrement, surtout si nous sommes écrivains, à travers l’imposition d’une trame narrative sur des images disparates, à travers les “idées” avec lesquelles nous avons appris à figer ce tissu mouvant de fantasmagories qu’est notre expérience réelle », écrit-elle dans L’Album blanc, l’un des reportages au long cours qui ont assis sa réputation.
(…) Les romans de Joan Didion ne sont guère épais. Styliste obsessionnelle, celle-ci souhaitait, en effet, qu’ils soient lus d’une traite, afin d’éprouver la prosodie qu’elle leur insufflait par son tempo. « J’ai toujours eu le sentiment que le sens même des choses résidait dans le rythme des mots, des phrases, des paragraphes, j’ai développé une technique pour tenir à distance toutes mes pensées, toutes mes croyances, en les recouvrant d’un vernis de plus en plus impénétrable », écrit-elle dans L’Année de la pensée magique.(Macha Séry — Le Monde)
Joan Didion est morte hier, à 87 ans.
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