ciels ma ville ! | tout un été d’écriture

9 août 2018. Nous roulions depuis deux jours. Aux confins de l’Arizona, la Californie n’était déjà plus qu’un lointain souvenir. Autour de nous, dans toutes les directions, le désert s’étendait à perte de vue. Mais l’ouragan de flammes qui ravageait les forêts loin derrière nous semblait avoir contaminé le ciel, attisé par la sécheresse et les chaleurs caniculaires, poussé par les vents violents qu’on appelle ici les Diablo winds. La Californie brûle, mais c’est l’Amérique qui est en feu, me disais-je.
Je levais les yeux, et je vis un ciel nouveau. Une vision lumineuse. Un horizon alchimique, étang brûlant de braises et de soufre. Des flammes logeaient entre les nuages sombres. L’atmosphère frémissait. La pupille irradiée, je contemplais une étendue d’ocre rouge, de cuivre et de terre d’ombre, d’oxyde de chrome et de cobalt, striée d’altostratus, nappes fibreuses gris cendre comme tracées au couteau. Dans le frémissement de l’atmosphère et de la lumière, je me perdais un instant dans cette chimère d’un monde transfiguré quand, alors que nous zigzaguions dans les montagnes des réserves indiennes, l’horizon devint tout à fait noir, le ciel s’ouvrit et la terre disparut, engloutie sous une pluie d’enfer.


Tout un été d’écriture #32. Texte écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture proposé par François Bon sur le tiers-livre : « construire une ville avec des mots. » Tous les auteurs et leurs contributions à retrouver ici.
(et toujours les vidéos de François Bon sur ses chaines youtube et Vimeo).

Comments

3 réponses à « ciels ma ville ! | tout un été d’écriture »

  1. Avatar de francoiserenaud

    j’aime ce déluge, cette entrée dans le déluge… ça me parle évidemment…
    (je vois que tu tentes de rattraper le train en marche, quelle épreuve de sueur et de bonheur que ce parcours d’été…)

    1. Avatar de Ph.C.

      J’essaie, j’essaie… 😋

  2. Avatar de Caroline D

    La Californie brûle, mais c’est l’Amérique qui est en feu, se disait-il. Et il avait raison. L’atmosphère frémissait. Le monde était transfiguré. Puis un jour qu’il se trouvait perdu dans la même chimère, après la pluie d’enfer qui avait englouti la terre depuis longtemps condamnée à mourir, il se demanda si de tout ça un autre monde allait naître.

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