Le dimanche matin, avec mon café, je lis sur tablette blogs et sites d’infos. Tous les jours, The Digital Reader propose une courte revue de presse intitulée The morning coffee. J’aime beaucoup l’idée, et si je ne me sens pas de faire une revue de presse quotidienne, je leur pique l’idée pour une déclinaison hebdomadaire !
Tous les articles cités sont repris dans mon journal Flipboard.
Contrairement à ce que laisse entendre un lieu commun, « Internet n’est pas un monde virtuel que nous devrions opposer au monde réel », écrit Isabelle Parente-Butterlin. « Internet est […] une région numérique de notre monde. […] Que le numérique ne soit pas concret ne signifie pas qu’il ne fait pas partie de notre monde.
Plus loin, elle ajoute : “Pour ce qui est de l’abstraction au monde, et de la coupure avec le monde réel, j’en vois d’autres, dans notre monde, beaucoup plus manifestes qu’Internet et bien moins dénoncées : en quoi les programmes télévisés et les non-informations qu’on nous distille ne sont-elles pas des coupures avec le monde réel ? En quoi le divertissement dont nous avons parfois tous besoin mais qui nous est imposé à grande échelle, comme les événements sportifs auxquels, qu’on le veuille ou non, il est impossible d’échapper, n’est-il pas une coupure avec le monde réel et n’empêche-t-il pas de s’intéresser à ce qui devrait retenir notre attention ? Il y a des produits plus hypnotiques qu’Internet comme le sport, la télévision, et qui nous coupent davantage du monde”.
Cette coupure du monde réel qu’engendrerait Internet, ce risque d’un digital burn-out — qui n’est que la fascination du vide —, Thierry Crouzet revient dessus dans une interview qu’il publie sur son blog. “Tout cela n’a aucun rapport avec le numérique, mais uniquement avec les autres”, explique-t-il. “Maintenant que nous vivons en permanence avec les autres, comme dans une vaste tribu, nous devons réinventer les rituels initiatiques propres aux tribus, mais en les adaptant à l’âge numérique”.
Daniel Bourrion lui s’interroge sur la nécessité aujourd’hui de regrouper les différents fragments qui constituent un texte dans un support livre : “le texte me résiste et je ne parviens plus à le ‘fermer’, à le penser comme terminé”, écrit-il. “Je ne ressens plus intimement la nécessité de cette étape” (la publication, NDR).
Un sentiment qui rejoint des idées déjà développées par François Bon, sur lesquelles il revient cette semaine : “oui, le web est notre médiation langage au monde, et la littérature, qui est la part réflexive de cette médiation, inclut le web dans son champ. Comme toutes les autres disciplines et le concept d’e-inclusion, il n’y a plus besoin d’un concept de littérature numérique. On exerce la littérature sans autre qualificatif, comme depuis son origine orale ou dans toutes les étapes de l’écrit, depuis cette médiation du mental au monde par le langage qui interroge cette relation, et se met au travail dans cette relation en même temps qu’il la renouvelle.”
Un bel article, tout à la fois bilan et prospective, sur un sujet qui m’intéresse tout particulièrement.
- Isabelle Parente-Butterlin (aux bords des mondes) – Disjonction : du numérique, du concret, et de l’hypnose : http://goo.gl/UCDtkG
- Thierry Crouzet – Digital burn-out : le problème, c’est les autres : http://goo.gl/Or12rH
- Daniel Bourrion (Face Écrans) – De la question de la publication : http://goo.gl/DbhGO6
- François Bon (le tiers livre) – Du livre et du pantalon : http://goo.gl/rfBNO7
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