
The Negative Zone ! C’est l’un des concepts imaginés par Jack Kirby pour ses Fantastic Four qui m’a le plus marqué quand j’étais gamin. Et l’utilisation de collages dans ses planches, du jamais vu dans un genre ultra codé, rendait ça encore plus fascinant. Il se passait quelque chose, bien au-delà de l’histoire elle-même. Je prenais le train en marche, ces BD avaient été publiées une bonne quinzaine d’années plus tôt, mais je les trouvais plus originales, à tous points de vue, que celles qui sortaient alors chaque mois.
La zone négative, parfois j’ai l’impression d’y être prisonnier contre mon gré.
Chaque jour, le monde s’enfonce un peu plus dans la zone négative, et c’est comme un blanc-seing pour certains, les grincheux, les égoïstes, les jaloux ; la porte ouverte aux petites lâchetés, aux méchancetés gratuites. On veut résister, mais l’attraction est forte. L’humeur est sombre. Parfois, on ne dit rien — dialogue de sourds, et à quoi bon lutter contre des moulins à vent : n’est pas Don Quichotte qui veut —, parfois non, et on le regrette. Ainsi va le monde, à sa perte. On m’objectera que je suis naïf, et je veux bien l’être, dans une société pétrie et malade de ses certitudes.
Sur les conseils de Laurent Queyssi, je lis en ce moment Écrits fantômes de David Mitchell. Je l’ai presque terminé, et c’est vraiment très bien. Une puissance narrative impressionnante. Un bon gros roman — à l’Anglo-saxonne, certes —, un roman qui se moque et se joue des genres. L’adulte que je suis y reconnaît peut-être cette magie que je trouvais, enfant, dans les comics de Kirby. Le « sense of wonder », l’éblouissement du lecteur, et, pour l’auteur, l’excitation de l’écriture. De quoi se réconcilier avec le monde. Et s’échapper de la zone négative.
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