Big sur, ça n’existe pas

IMG_1960

Big sur, ça n’existe pas.
Big sur ça n’existe qu’en nous. Big sur, c’est un rêve. Le rêve d’un fou épris de liberté, le songe d’un démiurge malade, un songe baroque et délirant. Big Sur : El Sur Grande, le Grand Sud. Octobre, c’est l’été indien ici, et le rêve n’en est que plus beau.
La highway 1 suit en serpentant des falaises escarpées abritant des criques où viennent s’abîmer les vagues du Pacifique. À flanc pousse une végétation verte et rouge sang. 99 miles, 160 kilomètres de beauté sauvage. Sur notre droite, l’océan à perte de vue, et si l’on observe attentivement on y verra se baigner des lions et des éléphants de mer ; sur notre gauche, les Santa Lucia mountains, recouvertes de forêts d’eucalyptus, de lauriers et de séquoias. Nous multiplions les arrêts pour marcher un moment sur les chemins qui bordent ces lieux magnifiques hantés par les fantômes de Kerouac et d’Henry Miller.
Henry Miller, justement, et la Memorial Library qui porte son nom, un lieu atypique perdu dans les bois, presque caché au détour d’un virage, protégé par une haute palissade faite de rondins de bois. On pénètre d’abord dans un parc où sont, au fond à droite, une scène de théâtre et, disséminées un peu partout, des œuvres d’artistes du cru, contemporains ou non. La librairie n’est pas très grande, c’est un chalet en bois qui propose les œuvres des enfants du pays : fanzines et petits tirages des auteurs d’aujourd’hui côtoient les paperbacks de Miller, Kerouac et Steinbeck. Un Mac hors d’âge permet un accès à internet et l’on peut boire du thé glacé. Derrière le comptoir, une large fenêtre protégée du soleil par un rideau réalisé avec des billets de banque provenant du monde entier. Au-dessus, un immense portrait d’Henry Miller pensif, assis dans un fauteuil à son bureau, qui semble nous dire que l’endroit lui plait.

« You’ve been to Big Sur before ? » Me demande le libraire. « Nope, but I’ve been to Clichy » je lui fais.
Décidément, on est bien ici. On y passerait des heures, mais voilà, la route est encore longue, la journée s’étire et il faut repartir.

Une photo par jour : 189 — Henry Miller Memorial Library
Fragments d’un voyage : Big Sur, octobre 2013

Licence Creative Commons

Comments

5 réponses à « Big sur, ça n’existe pas »

  1. Avatar de ϕlippe

    Pour une fois un usage utile des billets de banque.

  2. Avatar de Marlen Sauvage

    « Nope, but I’ve been to Clichy » me fait hurler de rire. C’est pas bien de se moquer des Américains de Big Sur;-))

    1. Avatar de Ph.C.

      Je ne me moquais pas 🙂

  3. […] les points de vue inattendus, la quête comblée de mon amoureux sur les traces de Kerouac et de  Miller. Les chaudes couleurs du jour font la révérence devant la tendre luminosité qui va nous mener […]

Répondre à Ph.C. Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.