Il m’a finalement écrit. Voilà plus d’un an que je lui envoie des articles à la pige. Pour lui, j’ai attrapé la typhoïde et reçu une balle dans le genou. Aujourd’hui, mon rédacteur en chef a regardé les infos et a pensé que je faisais partie des journalistes italiens qui ont été kidnappés. Il m’a envoyé un e-mail: «Si tu trouvais une connexion, pourrais-tu tweeter ta captivité ?»
Le même jour, dans la soirée, j’ai retrouvé le camp rebelle où je vivais, au beau milieu de cet enfer qui s’appelle Alep, et dans la poussière et la faim et la peur, j’ai espéré trouver un ami, un mot compatissant, un geste tendre. Au lieu de ça, je n’ai trouvé qu’un autre e-mail de Clara, qui passe ses vacances chez moi en Italie. Elle m’a déjà envoyé huit messages «Urgents !». Aujourd’hui elle cherche ma carte de spa, pour se faire masser gratuitement. Les autres messages dans ma boîte de réception ressemblaient à ça: «Excellent, ton article aujourd’hui ; aussi excellent que ton livre sur l’Irak.» Malheureusement, mon livre ne parlait pas de l’Irak, mais du Kosovo.
via Lettre d’une pigiste perdue dans l’enfer syrien – Bibliobs avec Le Nouvel Observateur.
Ce texte incroyablement fort m’en a rappelé un autre, fictif celui-là, écrit par James Meek (qui fut grand reporter) et publié en 2008 chez Métailié : Nous commençons notre descente. De fait, le témoignage de Francesca Borri m’a ramené à Astrid, l’un des personnages clés du roman.
Vous pouvez lire ici le compte-rendu de lecture que j’en avais fait.
Votre commentaire