En 1955, lorsqu’il arrive à Tokyo, Nicolas Bouvier survit comme il peut en écrivant des articles de commande pour la presse japonaise. Seulement, il n’aime pas ça, ce « journalisme incompatible avec la véritable écriture ». Et puis ses revenus, il les reverse pour moitié à son traducteur. Il n’arrive pas à s’en sortir.
Alors, on lui prête un appareil-photo. Il s’essaie à photographier ce qui l’entoure. Ses photos plaisent, les journaux les lui achètent, et ils en redemandent. Son œil d’Occidental révèle un Japon que les Japonais ne voient plus. Nicolas Bouvier abandonne le journalisme et, du jour au lendemain, devient photographe.
Ce recueil propose l’ensemble des textes écrits par Bouvier autour de la photographie, tout au long de sa vie. Bouvier n’a jamais vraiment théorisé sa pratique photographique, et il s’agit ici pour la plupart d’articles de circonstance ou de textes de commande, mais cela n’enlève rien à leur intérêt.
Ainsi, l’auteur revient longuement, et à plusieurs reprises, sur son activité d’iconographe, un métier qu’il exercera une bonne partie de sa vie, qui consistait à courir aux quatre coins du monde, visitant des musées ou des bibliothèques, photographiant des œuvres ou des illustrations anciennes dans des ouvrages rares, en fonction des commandes qu’on lui passait.
Un métier qu’il nous fait découvrir avec passion, et qui aujourd’hui, à l’heure où sur Internet tout est disponible à toute heure, a le charme nostalgique des métiers anciens qui ont disparu.
« Je suis dilettante en tout », écrit Bouvier. « Je fais des photographies sans être photographe, et j’écris de temps en temps sans être véritablement écrivain. Je crois que si je devais me prévaloir d’une spécialité, j’opterais pour celle de voyageur. »
Style vif et fin, écriture admirable. Bouvier, voyageur avant tout ; voyageur plutôt qu’écrivain, dit-il. Mais quel écrivain tout de même !
Nicolas Bouvier : Du coin de l’œil — écrits sur la photographie, aux Éditions Héros-limite.
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