
Qu’on ne se méprenne pas, j’aime l’automne et l’hiver, je ne suis pas de ces personnes qui redoutent la période des fêtes de fin d’année. J’ai même assez naïvement gardé une âme d’enfant, et je me réjouis quand vient Halloween, puis Noël.
Pour autant, j’éprouve toujours à cette saison le besoin de faire le tri dans mes affaires, de m’organiser pour les semaines à venir, qui à la librairie, vont être rudes : je ne vais pas m’en plaindre, mais je sais que j’arriverai sur les rotules au seuil de la nouvelle année.
Pour me préparer à faire face, donc, j’éprouve le besoin de trier et ranger, c’est à dire, mes disques et mes livres, organiser mes bibliothèques, préparer des playlists pour la route. Et pour ce qui est de ranger les cartons de livres, on peut toujours compter sur son chat, comme le prouve la photo en exergue de cet article.
Je me prépare aussi à écrire. Un projet qui va me demander du temps, sans doute, et m’obliger à sortir de ma zone de confort, m’obliger aussi à puiser profondément, remuer des souvenirs douloureux, remonter à l’enfance, ramener à la surface des cadavres qu’on croyait parfaitement nettoyés par les vers, mais non. Tout ça pour nourrir une fiction, un roman, en espérant ne pas déboucher sur une voie sans issue. Mais le projet s’est imposé comme une évidence quand je m’y attendais le moins. L’atelier d’écriture proposé par François Bon ces dernières semaines en a été le déclencheur, et maintenant je ne peux plus me concentrer sur autre chose.
Mais c’est dur. Je procrastine, je passe littéralement des heures devant l’écran blanc de mon traitement de texte, tapant un mot, un paragraphe, une idée, effaçant tout pour recommencer. J’avance un mot après l’autre, parfois il me faut deux ou trois jours pour une phrase qui tient. Ça ne peut pas durer comme ça tout le livre, mais il faut que j’arrive à sortir au moins un premier jet pour débloquer l’écriture.
Un processus éprouvant, vertigineux et en même temps parfaitement invisible aux autres. Un vertige intime, en quelque sorte : l’ivresse des grandes cimes, celles-ci étant ses propres limites d’écriture qu’on franchit tout à coup sans s’en rendre compte, qu’on mesure après coup, une fois le col passé, la difficulté derrière soi.
Un peu comme au sport. Les défis qu’on se donne, et la satisfaction de se sentir fatigué, fourbu, le lendemain, mais plus fort aussi. La salle de sport est mon Fight club, l’adversaire mon double et personne ne retient ses coups.
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