
Les arbres nous enseignent une forme de pudeur et de savoir-vivre. Ils poussent vers la lumière en prenant soin de s’éviter, de ne pas se toucher, et leurs frondaisons se découpent dans le ciel sans jamais pénétrer dans la frondaison voisine. Les arbres, en somme, sont très bien élevés, ils tiennent leurs distances. Ils sont généreux aussi. La forêt est un organisme total, composé de milliers d’individus. Chacun est appelé à naître, à vivre, à mourir, à se décomposer – à assurer aux générations suivantes un terreau de croissance supérieur à celui sur lequel il avait poussé. Chaque arbre reçoit et transmet. Entre les deux, il se maintient. La forêt ressemble à ce que devrait être une culture.
— Une très légère oscillation, journal 2014-2017, Sylvain Tesson
En face de cet arbre, la photographie ne le montre pas, il y a un cimetière. Dans ce cimetière perdu dans la campagne reposent mon père, mon frère et ma grand-mère. Se demandent-ils, ces jours-ci, où sont passés les vivants ?
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