Les Vases communicants, échanges de textes d’un blog à l’autre, ont lieu chaque premier vendredi du mois.
Janvier 2016, le 1er vendredi est aussi le premier jour de l’année. Hasard du calendrier, oui, mais j’aime y voir un signe, un hasard objectif porteur de belles choses à venir. Aussi, pour bien commencer l’année, je vous propose deux vases communicants, échanges de textes inspirés d’échanges photographiques, chacun écrivant à partir de la photo de l’autre.
« Mystérieux, secret, farouche vivant, metteur en scène, auteur compositeur et interprète, artisan de paroles », comme il se définit lui-même, j’accueille ici avec grand plaisir Zakane.
Zakane tient un blog où il publie poèmes et chansons, et contribue aux sites web Festival Permanent Des Mots et Les Cosaques des Frontières. Un recueil paru en édition web : « L’heure heureuse » chez QazaQ
Donc le voilà, celui-là de dos. Là dans sa nuit qui pourrait être le jour. Il va. Et rien ne distingue le temps de sa marche. La marche est hors saison. Et même avec un but elle reste imprévisible. Ce n’est que le mouvement qui la rend nécessaire, essentielle. Dans le désert ou dans la ville. Elle est le temps où le plein se vide, le temps des bulles qui éclatent.
Il va, celui-là de dos. Nulle part et partout donc. Il s’offre à l’histoire, à l’éphémère, au sujet d’un poème. Il va vers le feu d’un corps de femme. Il va vers le gel d’un amour fuit. La marche est son repos. La marche est son désir. Sur les pavés, sur le chemin, il en poursuit le pas. Il pourrait bien pleuvoir ou tomber des grenouilles, le pied précède le pied. Ainsi la rédemption du rythme, l’assurance du ton, la mélodie du sens. Et celui-là de dos en oublie donc son foie, son cœur. Seuls comptent les poumons et les nerfs et les muscles. L’esprit devient vacant. L’émotion sans visée arrivera au sommet de son art, dans le souffle accommodé.
J’ai longtemps marché à l’ombre des chemins en fleurs, des rues percées de soleil doux, dans la foule pressée, dans des cloaques immondes, sur la terre comme au ciel, et sur le sang vif du sexe des orages, dans les pluies transalpines, et sur le froid du feu, sur toutes choses imbues et imbuvables, sur les déchets des hommes, sur les larmes des pierres. Et je n’ai pas tout dit.
J’ai longtemps marché et puis je marche encore avec, comme celui-là de dos peut-être, rangé au fond du sac porté en bandoulière, l’éternel lumbago.
Texte : Zakane / Photo : Philippe Castelneau
Mon texte à partir de la photo de Zakane est à retrouver ici.
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