Hier, j’ai appris que la maladie contre laquelle je luttais depuis un an était en rémission. Non pas une guérison, a tenu à préciser l’oncologue. La nuance est subtile, mais c’est une victoire, à tout le moins.
Cet après-midi, j’échangeais à ce propos avec une amie, tout en écoutant en boucle April, magnifique album live acoustique d’Elliott Murphy sorti en 2000, où figure une reprise de Wild horses, des Stones.
Dans le livret qui accompagne le CD, Murphy écrit à propos de cette chanson : « Des chevaux sauvages façon Keats et Mick, la quintessence du romantisme anglais. » Une chanson à la fois sensible, comme la poésie de John Keats, et brute, libre et indomptable, à la manière de ces chevaux sauvages que convoquent Jagger et Richards.
On peut lire beaucoup de choses dans les paroles de cette chanson. Certains y ont vu une métaphore de l’héroïne (« horse » en argot), séduisante et destructrice. Marianne Faithfull a affirmé de son côté que les premiers mots qu’elle avait dits à Mick Jagger après son réveil d’un coma de six jours, suite à une surdose de barbituriques en Australie en 1969, étaient « wild horses couldn’t drag me away », phrase qui aurait inspiré le refrain de la chanson.
« Wild horses couldn’t drag me away. » Même des chevaux sauvages ne pourraient pas m’arracher d’ici : ces mots incarnent pour moi l’allégorie de ma victoire face au cancer. Ils disent l’entêtement à vivre que la maladie n’a pas su briser, en dépit des statistiques qu’on ne devrait jamais lire et de l’envie, parfois, de tout laisser tomber.
D’autres chevaux m’attendent. Un nouveau départ. Le monde est tellement plus que ce qu’on en pense… m’a écrit mon amie. Que ton cheval t’emporte loin. Aussi loin que possible. Et fou et libre soit-il… Qu’elle en soit ici remerciée.
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