L’autre jour, contemplant, désœuvré, mes racks de vinyles pleins à craquer, je me suis décidé à tout sortir, classer et ranger.
L’opération a nécessité de déplacer un nombre impressionnant de livres qui, après un tri cornélien et drastique (spoiler: j’ai tout gardé), ont intégré les bibliothèques du salon et les espaces encore vides de celles du bureau, mais j’avais enfin réussi à libérer trois emplacements dans le meuble IKEA1 accolé à celui sur lequel se trouve ma chaîne hifi.
Tout est désormais parfaitement rangé par genre musical, les étagères sont aérées… et j’ai redécouvert quelques pépites.

Ainsi de cette compilation sortie en 1980, dénichée dans un bac chez Parallèles au mitan des années 80. Comme toute compilation, le contenu est hétéroclite, mais de bonne tenue. Quelques perles : Paul Collins’ Beat, The Dickies, The Only Ones, Squeeze. Ces artistes contribuèrent alors à l’émergence d’un courant aujourd’hui un peu oublié, le Power Pop, qui mariait la fraîcheur mélodique et les harmonies vocales de la pop sixties à l’énergie du punk, donnant naissance à des chansons accrocheuses et joyeusement rebelles.
Et puis il y a cette pochette. Je l’avais trouvée plutôt laide à l’époque – couleurs criardes, motifs géométriques, ce mauvais goût assumé des années post-punk. Quarante ans plus tard, en la sortant de son emplacement, j’ai été surpris par l’émotion qui m’a saisi. J’y retrouve à présent les codes visuels des magazines de l’époque, des pochettes de dizaines d’autres disques, toute une esthétique alors omniprésente et qui aujourd’hui n’existe plus que dans ces objets, témoins d’un temps révolu.
Et tandis que le diamant de ma platine se pose sur les microsillons du disque, les craquements qui précèdent le premier morceau suffisent à me ramener loin en arrière, quand, à 20 ans, je sillonnais Paris, visitant les librairies et les disquaires d’occasion, Gibert Jeune, Parallèles, Actualités ou Un Regard Moderne, fouillant les bacs poussiéreux à la recherche de ces livres et disques dont personne ne voulait plus et qui, pour quelques francs, pour moi redessinaient le monde.
- On peut penser ce qu’on veut des meubles IKEA, on n’a pas trouvé meilleur rapport qualité/prix que les Billy pour les livres et les Kalax pour les vinyles ! ↩︎
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